Un territoire riche et une Présidente qui sait où elle va, le Libéria a tous les atouts pour se redresser. Depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2006, Ellen Johnson Sirleaf a lutté contre la corruption en imposant un code de conduite aux fonctionnaires. Elle a également encouragé les investissements privés. Ces actions ont rassuré la communauté internationale. Du coup, en 2007, l'ONU a levé l'embargo sur les diamants, instauré en 2003 afin d'empêcher Charles Taylor, l'ancien président, d'utiliser les revenus des pierres précieuses pour alimenter la guerre civile en Sierra Léone. Toujours sur le plan commercial, le Président chinois Hu Jintao est venu en février 2007 pour accroître les échanges commerciaux entre les deux pays. Grâce à l'exportation de produits de base, en particulier, le caoutchouc (plantations d'hévéas) et le bois, l'économie libérienne reprend des couleurs. En octobre 2006, la Banque africaine de développement (BAD) a fait don de 4,4 milliards de dollars au pays pour assurer la bonne gouvernance et la réduction de la pauvreté. La compagnie Arcelor-Mittal y a investi un milliard de dollars, en mai 2007 pour l'exploitation du fer. Entre 3000 et 5000 emplois directs devraient être créés. En 2006, la croissance a augmenté de 7,8%, selon le FMI. Les recettes publiques ont crû de 50%.
   Malgré ces succès, le Libéria garde des séquelles de quatorze ans de guerre civile. Une Commission "Vérité et réconciliation", sur le modèle de l'Afrique du Sud, a été lancée en octobre 2006. En outre, 14000 Casques bleus sont toujours présents sur le territoire. En janvier 2007, l'ONU a créé la surprise en envoyant un contingent de soldats exclusivement féminin. Un symbole pour le premier pays d'Afrique à avoir élu une femme chef d'Etat. Néanmoins, la Présidente a encore du travail : le chômage touche toujours 80% de la population libérienne - 3,3 millions d'habitants - et l'espérance de vie ne dépasse pas 42 ans. La dette extérieure est colossale. Le Libéria pourrait d'ailleurs bientôt intégrer l'initiative PPTE (Pays pauvres très endettés). Si la communauté internationale rend sa confiance au pays, elle reste toutefois sur ses gardes. Les investisseurs étrangers, qui avaient quitté en masse le pays, surveillent également l'évolution économique de Monrovia.

Onze chefs d'inculpation ont été retenus contre Charles Taylor, dont crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Il a dû aussi répondre de ses crimes commis en Sierra Léone. L'homme qui a dirigé le Libéria de 1997 à 2003 est soupçonné d'avoir alimenté la guerre en Sierra Léone pour mettre la main sur les diamants de son voisin. Premier ancien chef d'Etat africain à être jugé par un tribunal international, il a dû faire face à 150 témoins de ses exactions. Il serait responsable de la mort de 400.000 personnes dans les deux pays.